Le Camp de Drancy sous Brünner
(2 juillet 1943 - 17 août 1944)
Le 2 juillet 1943 une équipe de cinq Allemands, ayant à sa tête Aloïs Brünner, prend le contrôle du camp. L'administration française et les gendarmes sont relevés de leurs fonctions. Ceux-ci n'assurent plus que la garde extérieure.
 
Dans le Camp de Drancy, devenu un véritable camp de concentration nazi, les détenus assurent une part importante de l'administration. Le régime de la responsabilité collective est instauré et un petit nombre de nazis suffit à assurer le contrôle du camp.
Le tunnel de Drancy : un acte de résistance
Quand un interné commettait ce que les Allemands appelaient une Schweinerein (Cochonnerie), comme par exemple une tentative d'évasion, ceux-ci appliquaient le principe de la responsabilité collective et cinquante internés étaient systématiquement victimes de sévices. En septembre 1943 les Résistants du camp, désireux de s'évader pour reprendre la lutte armée contre l'ennemi, estimant qu'ils n'avaient pas le droit de mettre en danger la vie des autres, réalisèrent un tunnel destiné à permettre l'évasion de la totalité des internés du camp, entre l'appel du soir et l'appel du matin. Lorsqu'il fut découvert par les S.D. des S.S., le tunnel mesurait 38,50 mètres de long, 1,30 m de haut et de 60 à 80 centimètres de large. Il était boisé et éclairé. Il devait aboutir, 1,50 m plus loin, dans la tranchée-abri qui bordait l'avenue Jean-Jaurès de Drancy, ce qui donnait une zone de dispersion très importante.
 
Les Allemands procédèrent à l'arrestation de quatorze membres de l'équipe du tunnel, qui furent interrogés sous la torture (un coup de feu blessa Georges Gerschel à la jambe). Aucun ne parla. Ils furent déportés par le 62e convoi, le 20 novembre 1943. Sur les quatorze, douze sautèrent du train en marche et purent rejoindre la Résistance. Claude Aron fut arrêté à Lyon, alors qu'il avait un poste de responsabilité dans un maquis. Torturé à l'hôtel Terminus à Lyon, il avoua s'être évadé du train de déportation, pour ne pas mettre en cause ses amis du maquis. Ramené à Drancy, il y fut épouvantablement torturé, déporté et tué à son arrivée à Auschwitz. (Témoignage des survivants du tunnel).
L'équipe du tunnel de Drancy
Claude ARON, pharmacien, licencié en sciences et en droit, capitaine d'artillerie. Initiateur du tunnel, évadé du 62e convoi, déporté , mort à Auschwitz.
Jean BADER, chef du service de sécurité, décédé.
Juda BASICURINSKY et ses camarades, déportés, morts en déportation.
Pierre BLOCH, déporté.
Colonel Robert BLUM, déporté, mort en déportation. Commandant du camp de Drancy et commandant de la résistance.
Georges BODENHEIMER, déporté, mort en déportation.
Pocicelsky dit Jacques BORIS, évadé de déportation, décédé.
Serge BOUDER, évadé de déportation.
Jean CAHEN-SALVADOR, Conseiller d'État, évadé de déportation, décédé.
Elie CARIO, corps franc du Capitaine Neuville.
Bernard DREYFUS, professeur de médecine, décédé.
Robert DREYFUS, déporté, mort en déportation.
Georges GEISSMAN, décédé.
René GEISSMAN, décédé.
Georges GERSCHEL, évadé de déportation.
Roger GERSCHEL, évadé de déportation, décédé.
Eugène HANDSCHUH, évadé de déportation.
Louis HANDSCHUH, évadé de déportation.
Oscar HANDSCHUH, évadé de déportation, décédé.
Maurice KALIFAT, évadé de déportation, décédé.
Léon KUTNER, chirurgien dentiste.
Roger LEVY, décédé.
Georges LEVITZKI, décédé.
Robert MANUEL, sociétaire de la Comédie Française, décédé.
Monsieur Charles MEYER, décédé.
Jean OPPENHEIMER, déporté revenu.
Claude RAIN.
Michel SCIAMA.
Roger SCHANDALOW, évadé de déportation, décédé.
Henri SCHWARTZ, déporté revenu, décédé.
Robert Antoine SCHWOB, professeur de médecine, décédé.
Abraham STERN.
Raymond TREVES, évadé de déportation, décédé.
André ULLMO, initiateur du tunnel, avocat à la Cour.
Stanislas VADASZ, déporté, mort en déportation.
Jean VARON, décédé.
Raymond WALCH, décédé.
Docteur Marc Adrien WEILL-WARLIN, ancien interne des hôpitaux de Paris, chef de clinique, assistant des hôpitaux, décédé.
Docteur Raymond WEILLE, décédé.
Alois Brünner:
Commandant du Camp de Drancy du 2 juillet 1943 au 17 août 1944.
Condamné à mort par contumace, le 3 mai 1954 par le Tribunal permanent des Forces armées à Paris, il se réfugie au Moyen-Orient, en particulier en Syrie, à Damas.